Armel Le Cléac’h a repris la course et la direction du large en 5e position, ce mardi midi à 12h48 (heure française) à Recife. Pour y parvenir, le Team Banque Populaire présent sur place s’est mobilisé sans relâche depuis que le Maxi Banque Populaire XI a été amarré hier matin. Le balcon avant et l’ amure du gennaker ont été réparés et le problème hydraulique du foil tribord résolu. Armel, lui, a pu se reposer afin d’être en forme avant de reprendre les commandes de l’Ultim. Récit dans les coulisses d’une mission commando réussie.
Vendredi, 5h00 du matin – « S’arrêter, la meilleure solution »
Armel Le Cléac’h et le reste de la flotte ont passé la première dépression de ce tour du monde. Lors d’un changement de voile au portant, « l’ amure qui tient le gennaker a arraché le balcon avant », raconte Armel. Il faut imaginer une voile de 400 m2 faire voler en éclat ce cadre rigide qui protège le marin quand il doit faire des manœuvres à l’avant. Au-delà du choc se pose donc une question de sécurité : « ce n’est pas envisageable d’aller dans les mers du Sud sans avoir de balcon », certifie le skipper. Forcément, Armel accuse le coup : « il m’a fallu un petit temps pour digérer ça ». Ensuite, place à l’action : la décision est prise avec le team de s’arrêter à Recife. « Cela permet de faire un détour minime par rapport à la trajectoire, seulement 25 milles », précise Ronan Lucas, le directeur du Team. À Lorient, on commande en urgence un balcon à son fournisseur. Dès le début d’après-midi, il était livré dans les locaux du Team Banque Populaire.
Vendredi, 15h00 – Une aide locale qui change tout
Toute la journée, le Team Banque Populaire s’emploie pour nouer des contacts sur place. « Nous n’en avions pas à l’origine, reconnaît Ronan Lucas. Or, on se doit de prévenir, d’autant que ce sont des pays qui connaissent peu les contraintes et le gigantisme de nos bateaux ». Ils échangent rapidement avec Yannick Ollivier, président de la fédération de voile de l’État de Recife (le Pernambouc) et Guga Peixoto. « Sans leur sérieux, leur implication et leur gentillesse, on n’aurait jamais pu monter aussi rapidement une telle opération », insiste Ronan Lucas. Les deux hommes facilitent les démarches administratives, trouvent une place dans une marina flambant neuve et sécurisée (la Recife Marina) et se rapprochent du club local (le Cabanga Late Club) pour disposer de Zodiac et de pare-battages. En parallèle, l’équipe s’active pour réunir le matériel nécessaire afin de réparer le bateau. En fin de journée, trois membres du Team s’envolent vers le Brésil.
Samedi – L’autre inquiétude
Alors que l’équipe arrivée sur place repère les lieux, une seconde équipe embarque avec l’intégralité du matériel. Dans l’après-midi, Armel fait face à un nouveau problème : cette fois-ci c’est le foil tribord, totalement remontée, qui ne peut plus descendre. « Il y avait une fuite avec beaucoup d’huile, j’ai rapidement compris que c’était un souci hydraulique ». Une avarie impossible à résoudre en mer qui amoindrit forcément les capacités du bateau. Un spécialiste de l’hydraulique est appelé en urgence à Lorient. Il rassemble le matériel nécessaire pour réparer et arrive dimanche soir, une poignée d’heures avant que le Maxi Banque Populaire XI pointe son étrave à Recife.
Lundi, 4h38 heure locale – Arrivée au port et soulagement
Dès l’arrivée de l’Ultim au port, une attention particulière est portée sur le foil. « Si le problème concernait un vérin, ça aurait été la fin de la course, reconnaît Ronan Lucas. Il s’agit d’une pièce de 2 mètres de long qu’on a de fait pas en stock ». Heureusement, le problème est ailleurs : c’est un tuyau d’alimentation qui a rompu, sans doute à cause de la virulence de la dépression traversée en milieu de semaine. Ensuite, les membres du Team Banque Populaire présents sur place s’activent à réparer puis à tout checker sur et sous le bateau. « Nous étions sereins sur notre capacité à réparer », abonde Ronan. « L’équipe a su réagir de façon exemplaire », ajoute Armel Le Cléac’h. Alors qu’ils s’activaient sur le bateau, le skipper a pu prendre une douche et se reposer quelques heures.
Mardi – Le nouveau départ
Ce mardi midi, le Maxi Banque Populaire XI a quitté la marina. Avant de franchir à nouveau la ligne, il a été décidé de tester en mer les systèmes qui avaient été réparés la veille. « On ne voulait pas qu’Armel reparte, qu’on détecte un problème et qu’il soit obligé de s’arrêter 24 heures de plus », précise Ronan. D’ailleurs, en déployant les voiles, « nous nous sommes aperçus qu’il y avait un problème sur la ligne de tension d’ amure du gennaker, ce qui était indétectable à terre ». L’équipe a donc décidé de rentrer au port pour le solutionner afin de repartir le plus vite possible. « Avec les conditions météo actuelles, les routeurs nous ont assuré que l’incidence de partir quelques heures plus tard était neutre car l’ anticyclone se décale vers l’Est et donc la route sera plus courte », ajoute le directeur du Team.
Cette dernière réparation permet que le « bateau soit à nouveau à 100% » dixit Armel. Le skipper répète qu’une « nouvelle course commence». « Bien sûr, on est distancé des premiers mais il faut être patient, c’est une course longue, il faut tout donner. Notre objectif n’a pas changé depuis le départ : être à l’arrivée et le mieux placé possible ».