Photo : Vincent Curutchet / BPCE

Armel Le Cléac’h au cap de Bonne-Espérance : « dans l’océan Indien, un autre rythme s’installe »

Après plus de 15 jours de course, Armel Le Cléac’h a franchi ce mardi à 10h29 (heure française) le cap de Bonne-Espérance, premier des trois caps à franchir dans ce tour du monde. Si la descente de l’Atlantique Sud et le contournement de l’ anticyclone n’ont pas été faciles, le skipper du Maxi Banque Populaire XI, 3e de la course, conserve son enthousiasme et son désir de tout donner. Si l’écart s’est creusé avec les deux premiers, il fera tout pour saisir les opportunités qui peuvent s’offrir à lui afin de revenir sur la tête de course. Confidences d’un marin aux aguets, toujours aussi déterminé.

Le passage du cap de Bonne-Espérance et l’entrée dans l’océan Indien

" C’est un océan immense. Pour l’instant, il y a un peu de houle, ce ne sont pas des conditions compliquées mais ça va se durcir. "
- Armel Le Cléac'h

« Ça fait du bien d’y arriver, c’est un premier cap franchi ! Ça a été un peu long, un peu fastidieux mais l’essentiel est d’y être et de pouvoir se projeter vers la suite. On doit désormais emprunter un long couloir qui va nous mener jusqu’aux deux prochains caps, le cap Leeuwin et le cap Horn avec des passages parfois compliqués. C’est un autre rythme qui s’installe à bord. On va avoir du portant, plus ou moins de vent et il faudra trouver la bonne trajectoire pour aller vite sans prendre de risque tout en préservant la machine. »

Sa descente de l’Atlantique Sud

« Ça n’a pas été facile, d’autant que nous n’avons pas eu une météo très simple avec Anthony avec qui on fait un bout de chemin. Nous avons dû rallonger notre route, progresser plein Sud afin de contourner l’ anticyclone. Nous étions coincés entre la zone d’exclusion des glaces et cet anticyclone, dans un petit couloir de vent pas forcément très rapide. Mais ça fait partie de la course. Il n’empêche, hormis un passage de front au large du Brésil, on a eu des conditions plutôt agréables. »

Sa description de l’océan Indien

« C’est un océan immense. Pour l’instant, il y a un peu de houle, ce ne sont pas des conditions compliquées mais ça va se durcir. On sent que l’on arrive dans un endroit isolé du monde. Il y a beaucoup d’oiseaux en ce moment, ce ne sont pas encore des albatros mais ça ne devrait pas tarder. Il commence à faire froid : j’ai sorti mon duvet polaire, mes gants, mon bonnet et j’ai calfeutré la zone de vie. »

La suite de l’aventure

« Nous ne sommes pas très loin de la zone des glaces. Je vais la longer et ce sera le chemin dans les prochains jours avec une météo plus ou moins compliquée en fonction du vent. C’est toujours mieux d’être en avant d’une dépression, c’est plus compliqué quand elle est passée et que la mer est croisée. Là, j’évolue toujours entre l’ anticyclone et cette grosse dépression qui passe au Sud et qui devrait nous emmener jusqu’au cap Leeuwin. »

L’état d’esprit

« Je suis plutôt en forme, j’ai réussi à bien dormir ces derniers jours. Le bateau va bien, je trouve mon rythme. Les journées passent vites, même si les nuits sont courtes ici, seulement une poignée d’heures à cause de l’été austral. Mais les journées sont bien remplies entre les quelques empannages à faire, l’étude de la météo, les échanges avec l’équipe à terre tout en continuant à bien me nourrir. »

Les petits plaisirs du bord

« Là, je viens de me préparer un parmentier de canard. Ce matin, j’ai ouvert la confiture maison à la figue de ma tante… Ça change et ça fait partie des petits trucs sympas ! Il me reste aussi quelques fruits. En ce moment, j’écoute aussi beaucoup de podcasts comme les Grosses Têtes. Ça met de l’ambiance à bord ! J’ai aussi commencé un livre, un polar, « Labyrinthes » (Franck Thilliez). J’ai lu trois chapitres : ça permet de couper un peu avec l’ambiance du bateau lancé à 30 nœuds. »

L’isolement

« Je n’y pense pas trop. Finalement, les deux premières semaines ont été très compliquées dans la tête parce qu’il fallait couper le cordon avec la terre et qu’on laisse des gens derrière nous. Il a fallu du temps avant d’entrer vraiment dans la course. Là, c’est concret, on progresse dans le bon sens. L’escale à Recife avec le Team Banque Populaire et l’histoire que l’on écrit contribuent à avancer. Et puis bientôt, on va commencer à se rapprocher de la maison ! »

Le passage de Bonne Espérance

– Franchi mardi 23 janvier à 10h29 min 30 sec (heure française)
– Temps de course : 15 jours 20h59 min 30 sec

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