Moins de deux mois après avoir réussi son entrée en matière lors de la Guyader Bermudes 1000 Race (4e et 1er bateau à dérives), Nicolas Lunven s’apprête à relever un autre défi d’envergure. Il fera tout pour donner le meilleur de son monocoque au fil d’un parcours particulièrement exigeant qui comporte notamment le contournement de l’Islande, inédit pour la classe IMOCA.
Il avait quitté les feux des projecteurs avec un large sourire et la sensation du travail bien fait. C’était le 14 mai dernier, à Brest. Pour sa première course en solitaire à bord d’un IMOCA, Nicolas Lunven était parvenu à prendre la 4e place et la 1ère parmi les bateaux à dérives droites. Quatre semaines plus tard, le Vannetais est de retour sur les pontons, aux Sables d’Olonne. « Le temps est passé très vite », s’amuse-t-il. Il y a eu les quelques jours de repos en famille, les « bricoles » à réparer sur le bateau et les améliorations à effectuer à l’image d’une nouvelle voile récemment installée.
« Traverser des flux dépressionnaires à près de 90° »
Ensuite, direction les Sables-d’Olonne où l’IMOCA Banque Populaire est amarré depuis jeudi dernier. Il y flotte un air de Vendée Globe avec les 25 monocoques présents et le public venu en nombre dans le cadre de cette Vendée Arctique – Les Sables d’Olonne. Dimanche, tous les skippers remonteront le chenal pour une nouvelle explication au large. Au programme : un parcours particulièrement exigeant de 3 500 milles (quasiment la distance d’une transatlantique) qui comprend un passage au Fastnet, le contournement de l’Islande, le cap mis vers le sud avant un retour dans le port vendéen.
Tous les participants s’accordent sur la complexité de ce parcours. « À la différence des transatlantiques, nous allons traverser des flux dépressionnaires à près de 90°, décrypte Nicolas Lunven. On devrait faire face à des enchaînements très rythmés qui poussent à des ajustements en permanence ». Le skipper sourit : « on risque d’être fatigués ! » Surtout, la flotte va mettre le cap à 62° Nord, du jamais-vu pour une course d’IMOCA. « Lors de la précédente édition en 2020, ils n’étaient pas montés autant au Nord. Il faudra manœuvrer dans des eaux très froides avec du vent fort ».
Des conditions clémentes pour le départ
Pour Nicolas Lunven, « nous allons vers l’inconnu ». Mais le challenge n’est pas pour lui déplaire. Il fait le parallèle avec l’une des courses auxquelles il a participé en Figaro, la Cap Istanbul, une traversée de la Méditerranée qu’il qualifie de « voyage fabuleux ». « Ce qui est génial dans notre sport, c’est sa capacité à nous faire découvrir des contrées méconnues. Ce sera à coup sûr une aventure géniale ».
Pour se lancer dans le grand bain, la météo devrait être plutôt clémente au départ, dimanche à 17 heures. « On va partir avec de belles conditions anticycloniques avec un vent de nord, nord-ouest », souligne Nicolas qui étude régulièrement les fichiers météo. Le skipper détaille la suite : une dorsale anticyclonique à traverser dès le lendemain et « un flux de Sud-Ouest pour monter vers l’Islande à vive allure ». Dans cette première partie de course, il faudra également être vigilant en longeant les côtes. « Ça induit des modifications de vent mais surtout du trafic maritime (pêche, plaisance), ce qui pousse à rester concentré en permanence ».
Quoi qu’il en soit, Nicolas est prêt à relever le défi. « Je ne me mets pas la pression en matière de résultat final, confie-t-il. L’objectif, c’est de garder le bateau en bon état jusqu’au bout, d’engranger de l’expérience à bord et de se faire plaisir ». Il espère, aussi, prendre part à la bagarre pour terminer premier bateau à dérives droites. « Progressivement, je connais mieux mon bateau. Même s’il faut rester humble, ça contribue à gagner en confiance ». De quoi aborder de la meilleure des manières cette course au parcours atypique où il ne faudra pas compter ses efforts à bord.