Engagé pour la première fois dans une course en solitaire à bord d’un IMOCA, le skipper de Banque Populaire s’est adjugé la 4e place, la 1ère chez les bateaux à dérives droites. Après avoir été dans le peloton de tête tout au long de la course, il a franchi la ligne d’arrivée ce samedi à 14h30 en bouclant le parcours en 5 jours, 23 heures et 50 minutes.
Les jours qui ont précédé le départ de Brest, dimanche dernier, Nicolas Lunven arborait un large sourire. Certes, le Breton avait été classé dans la catégorie des bizuths mais il n’en est pas vraiment un. Avec deux victoires à la Solitaire du Figaro, deux participations à la Volvo Ocean Race et de multiples expériences en IMOCA – aux côtés de Morgan Lagravière, Kevin Escoffier et Samantha Davies – « Nico » avait assurément les compétences et le savoir-faire pour relever ce challenge.
« Je ne sais plus quel jour on est »
Avec humilité et professionnalisme, le Vannetais avait attaqué sa préparation mi-avril. Une « formation accélérée » aux côtés des membres du Team Banque Populaire afin « d’être prêt au maximum dans le temps imparti ». Chez lui, l’excitation d’en découdre et de se mesurer aux autres skippers semblait prendre le pas sur l’appréhension. Et cela s’est confirmé grâce à un beau départ : 2e à l’issue d’une heure de course, il est 4e au premier way-point, à 150 milles de Brest, en devançant nombre de foilers.
En filant vers le Fastnet, les conditions se sont durcies, atteignant les 25 à 30 nœuds. « Ça tape un peu, je sais que ce ne sera pas confortable », confie-t-il avant de passer le mythique rocher à la 4e place. La descente vers le Cap Finisterre, où se situe l’ ultime way point, n’est pas de tout repos non plus. Un passage de front à négocier l’empêche de fermer l’œil toute la nuit de mardi à mercredi. Face aux manœuvres, aux changements de voile et en conservant une concentration de chaque instant, Nicolas Lunven en perd même ses repères. « Je ne sais plus quel jour on est », lâche-t-il à l’issue de ce combat nocturne.
Une belle bagarre au milieu des foilers
Pourtant, il reste particulièrement bien placé. Alors que les deux foilers de tête (Charlie Dalin et Jérémie Beyou) ont pris de l’avance, Nicolas bataille pour les places d’honneur. 6e au ‘point Gallimard’, il est le seul non-foiler dans ce groupe de poursuivants et il restera jusqu’au bout. Lors de son retour vers Brest, le marin doit, comme ses concurrents les plus proches, contourner une longue zone de molle de plus de 800 milles. Banque Populaire progresse donc jusqu’à la Galice avant d’ empanner vers Brest.
Nicolas a donc franchi la ligne ce samedi matin, au pied du podium, à 1 jour, 13 heures, 03 minutes du vainqueur, Charlie Dalin. Le double vainqueur de la Solitaire du Figaro termine ainsi premier chez les bateaux à dérives droites et peut savourer son l’arrivée. Chez ses concurrents, nombreux sont ceux à avoir salué sa course à l’image du vainqueur, Charlie Dalin qui évoquait « la belle bagarre au départ avec Thomas (Ruyant), Jérémie (Beyou) et Nicolas (Lunven), qui rappelait les régates en Figaro ».
En attendant la Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne
Cette prestation lui permet aussi de valider nombre de réglages et de choix qui ont été faits les semaines précédentes avec le Team Banque Populaire. Il ne pouvait pas espérer mieux pour aborder sereinement la suite de la saison. Dans un mois, il faudra en effet être prêt pour un sacré challenge : la Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne, une course aussi longue et exigeante qu’une transatlantique (3 500 milles, 6 482 km).
D’ici là, il conviendra de bien se reposer, de faire le point avec l’équipe sur les améliorations à apporter et peut-être évoquer des sujets plus légers comme… les repas à bord. En effet, lors de cette Guyader Bermudes 1000 Race, Nicolas n’a pu se préparer que trois repas ! « J’avais la pression : j’ai cramé le premier dans la casserole et le deuxième était froid », s’amuse-t-il. Pour Nicolas, ce sont surtout les milles que l’on déguste avec gourmandise.
IL A DIT
Nicolas Lunven « J’ai pris énormément de plaisir »
« Je suis super content ! Cette Guyader Bermudes 1000 Race s’est très bien passée, du départ jusqu’à l’arrivée. J’étais content d’avoir pris un beau départ qui m’a permis d’être tout de suite dans le bon wagon et de m’extirper de la flotte dans les premières heures de course. Ensuite, tout s’est bien déroulé. Nous avons eu des conditions très variées, c’était à la fois intéressant et enrichissant. J’ai pris énormément de plaisir, d’autant que tout a bien fonctionné sur le bateau. On prend la 4e place à l’arrivée, c’était presque inespéré avant le départ. Je ne m’attendais pas du tout à ça ! »