Ce matin, Armel est entré dans les prémices d’un Pot au Noir qui semble très actif. Cette Zone de Convergence Inter Tropicale (ZCIT) semble l’accompagner vers le Nord retardant sa remontée de l’Atlantique, il devrait mettre tout le week-end à la traverser. Les systèmes météo classiques sont complètement bouleversés ne facilitant pas la tâche au skipper de Banque Populaire qui, depuis le passage du rocher, doit se creuser les méninges. Joint par son équipe à terre, Armel préfère prendre les choses avec philosophie et progresser étape par étape pour arriver à bon port aux Sables d’Olonne. Entretien dans l’après-midi, entre deux grains.
Quelles sont tes conditions actuelles ?
Ca va mieux, le soleil revient un peu devant après une nuit orageuse. C’est le début du Pot au Noir, un premier jet un peu « bordélique ». J’espère qu’il y aura plus de vent que sur les fichiers pour le franchir. La matinée a été très agitée, du vent dans tous les sens, des orages, une grosse pluie non stop, là c’est un peu plus stable devant, je vais pouvoir me reposer un petit peu et faire sécher les cirés. Je suis à peu près à 100 milles de l’Equateur, je vais y être dans la soirée si tout va bien. La bouteille de champagne est prête pour Neptune.
Comment va le marin ?
Je suis un peu fatigué, il a fallu beaucoup manœuvrer et régler les voiles. Le Pot au Noir est anormalement actif pour cette période de l’année mais bon il faut faire avec. Il remonte avec moi vers le Nord. Derrière, cela devrait être plus facile pour mes poursuivants. Au niveau des conditions, ça remue encore sur le bateau mais la mer commence à se ranger. Il fait moins chaud, le ciel est couvert mais c’est plus agréable pour vivre sur le bateau. Je vais faire une sieste, ranger mes affaires et reprendre des forces pour être en forme pour la suite.
Avec le stress permanent de la course, arrives-tu à te détendre un peu ?
Le soir, j’essaye de me détendre un peu, surtout dans les alizés. En ce moment, je regarde une nouvelle série, Band of Brothers, c’est sur la seconde guerre mondiale, c’est vraiment super et j’ai déjà terminé mes trois bouquins. Sinon, je continue à écouter mes podcasts à bord.
En ce moment tu es plutôt concentré sur ce qui se passe devant l’étrave ou derrière ?
Les deux…devant, il y une zone à traverser qui va être déterminante pour la suite de la course. Les prochaines 48 heures vont être décisives. Je sais que l’écart va se réduire, il va falloir être bon pour rester devant. J’ai un matelas d’avance mais on fera les comptes à la sortie. J’espère qu’on aura un peu de réussite, car on ne peut pas dire que j’ai été gâté depuis plusieurs jours.
Malgré les difficultés, on entend à ta voix que tu gardes toujours le sourire…
Ce n’est pas toujours facile, je ne change pas là-dessus, j’avance étape par étape en essayant de ne penser qu’au positif. Parfois, les conditions ne sont pas simples, il y a eu des moments vraiment compliqués mais je garde le sourire, je me raccroche à des petits détails. Tu vois rien que tout à l’heure, j’ai regardé des photos par satellite de la zone, je voyais des gros grains et quand je suis sorti de cette situation et que j’ai commencé à entrevoir le soleil, c’était ma petite victoire. Même si j’ai perdu du terrain et que la suite ne sera pas facile, ce sont des petites choses comme ça qui me permettent avancer.