Cela fait trente-sept jours que les concurrents engagés sur ce huitième Vendée Globe ont quitté les Sables d’Olonne pour un tour du monde de 21 638 milles (40 075 km) sans escale et sans assistance. Armel Le Cléac’h, leader d’une flotte étendue sur 6760 milles, a parcouru 15 338 milles (24 684 km) depuis le départ, à la vitesse moyenne – et impressionnante – de 17,2 nœuds. Après de longues journées mouvementées dues à l’enchaînement de plusieurs dépressions, le skipper de Banque Populaire peut enfin reprendre un rythme plus « humain ». Le Pacifique reste fidèle à sa réputation… Entretien avec le skipper.
Quelles sont les conditions actuelles ?
Il y a encore de la mer, 3 mètres de creux, mais le vent a molli, les conditions sont plus maniables et agréables pour naviguer. On peut enfin respirer. On va vers des conditions assez calmes pour les prochains jours avec un bel
anticyclone qui nous
barre la route, ça va être la complexité de la semaine à venir. Il va falloir bien analyser la trajectoire à emprunter pour le traverser, ça ne va pas être simple.
On ne va pas faire de record de vitesse sur les prochains jours mais bon, on a été vite depuis le début, c’est un peu la contrepartie. Le plus dur va être de faire avancer le bateau dans ces conditions, ne pas trop ralentir.
Comment as-tu vécu ce passage long et difficile, depuis le sud de l’Australie ?
Ça n’a pas été facile, nous n’avons pas été gâtés. Il y avait énormément de vent, des pointes jusqu’à 55 nœuds, une mer démontée, nous étions en plus sur un angle où le bateau allait vite, de travers
au vent, donc il fallait sans cesse le contrôler. Ce n’était pas drôle, mais dans ces cas-là, on essaie de prendre les moments comme ils viennent, les uns après les autres, de se donner des points de repère dans le temps, de se dire que dans une dizaine d’heures le vent va forcir, puis de nouveau mollir, on se donne des objectifs…
On a eu 2 dépressions coup sur coup : quand on voit ça sur le fichier on se dit « Non, pas ça ! », quand on y est, on fait ce qu’on a à faire, on se concentre au maximum, et puis quand les conditions s’améliorent enfin, on est content d’avoir dépassé ça. Et le prochain objectif que je me donne pour me remotiver encore, c’est le cap Horn que je devrais franchir dans une dizaine de jours !
Tu as pu garder un rythme à peu près « normal » ?
Il y a eu des moments de fatigue… Ce n’était pas évident de dormir, ça bouge tellement. Là c’était plutôt des petites phases de sommeil par à-coups, sous la casquette, parce qu’il le faut, parce que le corps ne tient plus. C’est un peu comme dormir dans une machine à laver…
C’était également très compliqué de manger avec les mouvements permanents et saccadés du bateau. Il fallait faire doublement attention de ne pas se renverser l’eau de la bouilloire sur les genoux ou les mains…
Dans ces conditions, chaque petite chose simple devient très compliquée, il faut tout le temps se concentrer, tout demande plus de temps, même mettre son ciré et ses bottes est difficile.
L’être humain arrive à s’habituer à vivre dans des conditions hostiles finalement !!
Tu ne t’es pas blessé ?
J’ai pris quelques chocs, je me suis cogné dans le bateau suite à des mouvements de vagues, mais rien de grave. C’est l’humidité qui me dérange le plus, mes mains sont fatiguées et abimées, dès que je peux je mets de la crème pour soulager la douleur. Je porte des gants, même si ça n’aide pas à cicatriser les plaies, c’est un peu mieux. Mais à part ça, ça va plutôt bien !
Le bateau a-t-il souffert ?
Le bateau va bien, il y a encore un peu de vent et on est encore à pleine vitesse donc je n’ai pas eu le temps de tout « checker » mais c’est le programme de la journée : tout vérifier minutieusement et faire quelques petites réparations, pas de gros travaux, uniquement des petites bricoles.
As-tu pu avoir des contacts avec la terre pendant ces derniers jours ?
J’ai eu le Team Banque Populaire pour donner des nouvelles. Et surtout ma femme et les enfants pour les rassurer, leur dire que ça allait malgré les conditions difficiles et que ça allait se calmer d’ici quelques jours. Plus par mail que par téléphone car c’est plus simple. J’ai besoin de les rassurer et je sais qu’ils ont besoin de me savoir bien aussi, c’est important de ne jamais les laisser sans nouvelles.
Et j’ai reçu pas mal de petits messages à bord, ça fait du bien.
Par rapport à Alex Thomson (Hugo Boss), comment vois-tu la suite ?
Ça ne va pas être simple parce qu’Alex va surement revenir. Je pense que je vais buter dans l’
anticyclone un peu plus que lui donc l’effet élastique va continuer. Il va revenir, je vais reprendre de l’avance, et ainsi de suite… Il va falloir prendre son mal en patience et tout de même essayer de rester devant. Rien est écrit donc on verra, mais j’ai un objectif en tête c’est d’être devant à l’approche du cap Horn. Il faut être bien placé pour la remontée.
Qu’as-tu autour de toi en ce moment ?
En ce moment je suis complètement à l’opposé de chez vous, ici la nuit tombe à 7h du matin pour vous. Ce soir on a un beau ciel étoilé, il n’y pas un nuage, c’est la pleine lune, on aperçoit les vagues grâce à sa lumière, c’est magnifique. Et ça change de la pluie et de la grisaille qu’on a depuis plusieurs semaines, ça fait du bien. Encore quelques albatros me suivent mais beaucoup moins.
Le skipper du Monocoque Banque Populaire VIII poursuit donc sa route en direction du mythique cap Horn, qu’il devrait dépasser autour de Noël. Malgré son petit matelas d’avance (200 milles à 15h), il garde toujours un œil sur le skipper Gallois qui a choisi de se positionner plus au nord pour négocier l’ anticyclone qui leur barre la route.
CLASSEMENT DE 15H :
1) Armel Le Cléac’h – BANQUE POPULAIRE à 10 263,8 milles de l’arrivée.
2) Alex Thomson – HUGO BOSS à 201,2 milles du leader.
3) Paul Meilhat – SMA à 1 420,3 milles du leader.
4) Jérémie Beyou – MAITRE COQ à 1472,3 milles du leader.
5) Yann Eliès – Quéguiner / Leucémie Espoir à 2 304,2 milles du leader
ESPACE MÉDIA :
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