[Transat Jacques Vabre 2015]
Alors que tous les esprits étaient ce matin encore obnubilés par les perspectives de tempête à venir en sortie de Manche, ce sont d’inhabituelles conditions de calmes et de grand soleil dont ont bénéficié les 42 concurrents de la Transat Jacques Vabre. A 13h30 précises, résonnaient dans les VHF le signal de départ, auquel les voiliers, indépendamment de leur taille ou de leur classe, peinaient à répondre, tant le vent avait déserté le plan d’eau. La route vers Etretat via le cap d’Antifer s’effectuait au pas, rythmée par de nombreux changements de voiles et de caps. Le Monocoque Banque Populaire VIII est ainsi rentré très progressivement dans sa course, s’adaptant à cette navigation au plus près d’un vent évanescent guère propice à démontrer son potentiel. L’heure des hautes vitesses quelque peu redoutée viendra dès demain à la mi-journée, avec le renforcement du vent de sud est, une fois passée la pointe du Cotentin.
Contre mauvaise fortune bon état d’esprit
Banque Populaire VIII, parfaitement encadré par tout le Team, a quitté tôt ce dimanche matin le bassin Paul Vatine pour se diriger tranquillement vers le cap de la Hève. La procédure d’avant départ était réglée et programmée avec la plus grande minutie. Plusieurs hommes sont demeurés à bord jusqu’à 10 minutes du coup de canon de départ, afin d’assister Armel et Erwan dans les manœuvres lourdes d’envoi de grand voile notamment, et pour assurer la sécurité du bateau sur un plan d’eau agité par les étraves des 41 concurrents, et les nombreux bateaux spectateurs attirés par le spectacle et les conditions quasi printanières de l’estuaire de la Seine.
Car étonnamment, c’est dans de tout petits airs que s’est donné à 13h30 le départ de la course, face au vent de secteur est, vers la célèbre aiguille d’Etretat. Des conditions maniables qu’Armel jugeait idéales pour prendre ces repères et bien se préparer aux conditions très physiques à venir. La coupure avec cette intense semaine havraise n’en a été que plus douce. Nous avons eu plaisir à rencontrer le public, nos partenaires et les medias. Cette ambiance festive est derrière nous, et nous partons gonflés à bloc. »
D’un tempérament posé, apprécié pour son sang-froid en toute circonstance, Erwan Tabarly s’est toute la semaine laissé porter par la vague amicale des sollicitations diverses, qui n’ont en rien altéré sa préparation physique et mentale à l’épreuve ; « La tension est montée d’un cran avec la précision de nos connaissances du schéma météo à venir. Nous allons aborder chaque phase avec circonspection. Le départ a certes son importance mais nous sommes surtout focalisés sur le gros morceau à avaler à partir de lundi. Le départ ne conditionnera pas l’issue de la course, à l’inverse de cette dépression qui peut déjà influer sur l’issue de la transat ». Les choses ardues sont programmées pour la nuit prochaine à la sortie de Manche, avec l’arrivée bille en tête d’une dépression automnale très creuse, et des vents appelés à souffler violemment, sur une mer de plus en plus formée.
Un début de course sous haute surveillance
« Il y a une grosse dépression à traverser, avec du vent fort et une mer infernale, lorsque nous atteindrons le large de la Bretagne » précise Erwan Tabarly. « Il faudra passer sans casser. » Et Armel de rajouter, « On adapte notre stratégie, et on se lance dans l’aventure sans état d’âme. » « Nous partons pour trois jours très difficiles, pour nous et pour le bateau » poursuit Armel. « On sait que l’on va se faire méchamment secouer, surtout à cause de l’état de la mer et on prévoit des creux entre 7 et 9 mètres. On se prépare en conséquence, avec pour mot d’ordre la plus grande prudence. Je pense qu’à partir de mercredi, on pourra de nouveau se mettre en mode course, en espérant avoir franchi l’obstacle sans encombre. »
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