Une haie d’honneur sur les pontons, des « au revoir » chaleureux et un départ motivé : Clarisse Crémer vient de lancer son premier tour du monde à la voile. Retour sur une première journée chargée d’émotions.
Il s’agit d’un moment à part, les quelques mètres qui séparent la terre d’un défi de géant. Clarisse Crémer est descendue sur les pontons des Sables d’Olonne tôt ce dimanche. Alors que l’endroit était interdit au public et à la presse – restrictions sanitaires obligent – c’est donc seule que la jeune femme a rallié le bateau. Et là, spontanément, les équipages de tous les bateaux se sont mis à l’applaudir, chaudement et chaleureusement, un des derniers témoignages d’affection avant de s’élancer.
« À la limite entre être joyeuse, paniquée, contente »
Fidèle à elle-même, Clarisse avait le sourire en bandoulière : « C’est vraiment chouette comme accueil. Ça démontre qu’on arrive toujours à s’adapter quelles que soient les circonstances ». Difficile de mettre des mots sur l’émotion du moment après près de deux ans de travail collectif sans relâche chez Banque Populaire. « Je suis à la limite entre être joyeuse, paniquée, contente… ».
Quelques secondes plus tard, Clarisse tombe dans les bras de Tanguy Le Turquais, son mari. Une longue accolade et des mots échangés sous les masques, des mots pour eux. « On s’était déjà dit ‘au revoir’ hier avec émotion, c’était notre moment à nous, loin des caméras, confie Tanguy. Ce matin, on savait qu’il fallait être focalisé sur la course. Je lui ai dit qu’elle devait se faire plaisir sur l’eau et qu’elle devait profiter de cet incroyable cadeau. »
Les « au revoir » de sa mère
Ensuite, Banque Populaire X a quitté le ponton de Port Olona. Ils étaient quatre de l’équipe à bord dont Ronan Lucas (directeur du Team) et Pierre-Emmanuel Herissé (directeur technique). « C’est important qu’ils soient là jusqu’au bout, c’est aussi leur projet, leur histoire », confiait Clarisse. En remontant le chenal, les riverains se sont livrés à un concert de casseroles et de cris d’encouragements. Clarisse a savouré le moment, levant les bras au ciel.
Elle a vu aussi sa mère, Martine, témoin privilégié de ces premiers bords avant le tour du monde. « C’était très émouvant, confie-t-elle : « des policiers nous ont autorisé à pouvoir longer le chenal. Je pense à tous les parents de skippers qui n’ont pas eu cette chance-là de voir leur enfant partir à côté d’eux. Je suis fière, très fière de Clarisse, de sa capacité à réaliser un projet aussi extraordinaire ».
Un départ très sportif
Et Clarisse continue d’impressionner, notamment au sein même de l’équipe. « Je l’ai trouvé incroyablement sereine, épanouie et concentrée, souligne ainsi Ronan Lucas. Elle avait vraiment hâte que ça commence ! » À 14 h 20, Clarisse a franchi la ligne de départ avec une voile légèrement plus petite que ses concurrents en prévision de la nuit.
« L’idée, c’était de la préserver, d’autant que la première nuit sera sportive, poursuit Ronan. Elle va devoir faire un virement de bord alors que le vent va monter. Ce n’est pas rien de déplacer 600 kg de matériel en pleine nuit ». Ensuite, un deuxième front sera à traverser. « J’ai hâte de passer ces difficultés et de retrouver l’alizé », sourit Clarisse. Tanguy conclut, aussi enthousiaste que sa compagne : « Les conditions ne sont pas évidentes jusqu’aux Canaries mais Clarisse est prête, elle va gérer ! »