Un puzzle géant qui prend forme
Le travail a débuté en janvier 2019. « Avant de définir sa géométrie, nous avons commencé par réaliser une sorte de livre blanc de Banque Populaire IX qui suite à une casse avait chaviré à la Route du Rhum 2018 », explique Gautier Levisse, responsable du bureau d’études. Le nouveau maxi trimaran, signé par le cabinet d’architectes VPLP et dont le graphisme a été pensé par Jean-Baptiste Epron, innove à l’instar de ses plans porteurs et de ses foils, deux fois et demi plus grands. Le bureau d’études du Team Banque Populaire, lui, s’est attelé à concevoir en interne et sur place « la majorité des systèmes jusqu’aux aménagements intérieurs ».
Chaque aspect de ce chantier titanesque nécessite des heures de travail et de réflexion. Gautier l’atteste : « rien que pour les deux flotteurs, la coque centrale et les bras de liaison, dix-huit mois de construction ont été nécessaires ! » Pour assembler ce géant des mers, les compétences à réunir sont pléthoriques. Spécialistes du composite, maître-voiliers, motoristes, hydrauliciens, accastilleurs – chaque fournisseur, intervenant extérieur et chaque membre du Team s’investit sans compter.
La fiabilité au cœur de la réflexion
Au fil des mois, le trimaran a bien grandi. Ainsi, les deux flotteurs sont peints et à poste, la coque centrale, les bras et la barre d’écoute ont été assemblés. Les meubles de winches sont posés, la casquette et les carénages ont été livrés, tout comme les premiers safrans et la dérive. Les foils, spectaculaires, sont toujours en cours de fabrication et le mât s’apprête bientôt à être accastillé. En plus de la performance, la fiabilité est au cœur de la réflexion.
« Pour renforcer au maximum Banque Populaire XI, nous sommes l’une des rares équipes à systématiquement exiger une double vérification par un deuxième cabinet d’experts pour les calculs de structure, précise ainsi Ronan Lucas à la tête du Team Banque Populaire. « On a décidé d’accroitre les processus. Sur le bras avant, il y a par exemple un caisson reprenant toutes les charges et efforts au cas où le carénage casserait suite à la rencontre fortuite avec un OFNI. Nous avons également disposé de la fibre optique partout, notamment dans les carénages. On a amélioré la visibilité à l’avant grâce à des caméras et un système de détection en tête de mât et devant la dérive. Le nouveau trimaran sera plus axé sur le vol mais aussi plus robuste puisqu’il pèsera une tonne de plus que son prédécesseur. »
Armel Le Cléac’h, le nouveau challenge
Il a dû mal à dissimuler son impatience et son enthousiasme. Le visage d’Armel s’éclaire à l’évocation du Maxi Banque Populaire XI avec lequel il effectuera les premières sorties en mer au printemps prochain. Vainqueur de sa troisième Solitaire du Figaro en septembre dernier, le skipper est maintenant focalisé sur la construction du bateau : « Je suis surtout intervenu sur le design du trimaran géant au début avec les architectes, les ingénieurs et le bureau d’études » explique-t-il. « Je passe régulièrement au chantier pour faire le point avec l’équipe sur l’avancement, l’ergonomie, les voiles apportant mon avis mais aussi mes envies. Le reste du temps, j’effectue un travail de préparation physique pour être affûté car les Ultims sont fabuleux mais exigeants ! »
Un programme bien chargé
Dès la mise à l’eau, Armel Le Cléac’h s’apprêtera à multiplier les sorties en mer afin de réaliser tout une série de tests et de validations. « Puis nous partirons pour une tournée dans le sud-ouest et en méditerranée à la rencontre des Banques Populaires régionales, avant de rentrer fin juillet en effectuant un aller-retour Atlantique, sans doute vers les Antilles. C’est le temps indispensable à la mise au point d’un tel engin afin d’être prêt pour la première course de Banque Populaire XI : la Transat Jacques Vabre au départ du Havre, le 24 octobre 2021 » précise le skipper breton.