Le multicoque de Banque Populaire
Il a retrouvé son élément, posé ses appendices et ses flotteurs dans l’océan. Le Maxi-trimaran Banque Populaire XI a été mis à l’eau, ce jeudi à Lorient, à l’issue du chantier d’hiver qui a duré près de 5 mois. Un moment toujours exaltant et enthousiasmant parce qu’il augure d’une nouvelle saison et de belles perspectives sportives. Armel Le Cléac’h donne le ton : « après une saison de découverte, de mise au point et de prise en main, nous avons axé cette année sur la performance avec la volonté d’être compétitif et de se battre pour la victoire ».
Ronan Lucas « Chaque aspect passé au peigne fin »
Afin d’être à la hauteur de leurs ambitions et envisager sereinement la saison, il a fallu se retrousser les manches, tout l’hiver, dans le hangar du Team. « Ce que l’équipe technique a réalisé, c’est une grande mise à jour, semblable à celle que l’on peut faire pour un ordinateur », compare le skipper. « De l’étrave à l’arrière du bateau, on a passé au peigne fin chaque aspect dans le détail pour que tout fonctionne mieux, que ça soit plus efficace en matière de masse, d’aérodynamisme et d’hydrodynamisme », poursuit Ronan Lucas, directeur du Team Banque Populaire.
Des évolutions qui se basent sur deux axes de travail : la feuille de route déterminée dès le début du projet (qui visait notamment à adapter le bateau au solitaire en vue de la Route du Rhum) ainsi que les observations et analyses réalisées durant toute la première saison, après avoir parcouru l’équivalent d’un tour du monde en milles cumulés. « Le fait d’avoir navigué en équipage réduit ainsi qu’en double l’an dernier avec Kevin Escoffier a permis d’imaginer comment optimiser l’ergonomie, le fonctionnement du bateau et établir une liste de tâches précises à réaliser », assure Armel.
Appendices, cockpit… Des évolutions décryptées
Afin d’y parvenir, l’équipe s’est notamment attachée à un travail en profondeur en matière d’optimisation de chacun des appendices. « Les foils ont notamment été repassés intégralement dans un centre d’usinage afin de modifier légèrement leur profil », décrypte Maël Devoldere, responsable du bureau d’études. Dans le même temps, il explique que la dérive a été « renforcée et modifiée » pour supprimer les problèmes de cavitation (vibration) ressentis l’an dernier.
Tout le cockpit a également été repensé. Le winch de l’écoute de grand-voile a été enlevé – l’écoute est désormais accessible par un vérin intégré à la bôme – et un siège en carbone a été installé. « Il permettra à Armel d’avoir les mains sur les écoutes, tout en pouvant s’y reposer parfois, même en étant en mode attaque », poursuit Maël. Par ailleurs, les carénages aérodynamiques ont été modifiés, tout comme l’ergonomie.
Place aux tests grandeur nature
« Il n’y a pas de révolution mais de nombreuses évolutions », résume Ronan Lucas. « Nous pouvons gagner jusqu’à 5 à 10 % de vitesse », poursuit Armel qui fait le lien avec le Vendée Globe 2016 – remporté par Banque Populaire – où « le travail sur chaque détail nous avait permis d’être plus performant et de faire la différence ». « On peut estimer que le gain de vitesse – notamment grâce au travail sur la dérive – permet de gagner 2 à 3 nœuds à haute vitesse ».
Désormais, place aux tests grandeur nature après la mise à l’eau de jeudi et l’installation des appendices ce vendredi. La première navigation devrait avoir lieu mercredi. Ensuite, les navigations vont s’enchaîner afin d’être prêt pour une première traversée de l’Atlantique (Lorient – Guadeloupe) début mai « en mode faux solo » dixit Armel. L’enjeu ? « Optimiser le travail à terre et savoir tirer tout le potentiel du bateau par un seul homme », souligne le skipper.
Armel Le Cléac’h « Je suis hyper motivé »
Il sera accompagné tout au long de la saison par Sébastien Josse qui dispose d’une solide expérience, notamment en Ultime. « Seb apportera un regard extérieur précieux en étant focalisé sur la performance du Maxi, précise Armel. Il s’attachera aussi à découvrir le bateau puisque ce sera mon skipper remplaçant à la Route du Rhum ».
Pour relever tous les défis de cette saison, Armel s’est quant à lui astreint à un programme physique particulièrement dense ces dernières semaines. « Je suis hyper motivé, conclut-il. J’ai hâte d’aller tester le bateau, retrouver les sensations uniques qu’il offre et franchir un nouveau palier à son bord. »